A box that contains 3 books: Cat Woman, 52 pages full colour. Maine 150g / The Chamber of Ancestors, 60 pages full colour. Maine 150g / I Have Always Dreamed of Having a Cherry Tree in the Garden, 36 pages full colour. Maine 150g.

Anyone who already holds on to what takes place on stage as a succession of stills and as it were flicks back through them, is naturally open to the medium of the cartoon strip. So it seems only logical that Superamas has now published Photo Performance with Imschoot Uitgevers. On high-gloss paper, the typical Superamas personnel romp around in three handy books in a smart box: a woman in make-up and leather as “Cat Woman”, a long-legged, big-breasted woman in a swimming pool and women in high heels and mini-skirts. And apart from this, smooth guys who could have escaped from an American early evening TV series. But what happens to these standard dream figures of an over-sexed society, where they spend their time and how they express themselves, has nothing at all to do with the cheap screen-plays of the soap operas. In the three photo performances, Superamas dispenses with such obvious means to create a meta-level such as the quote from a Derrida text at the end of “Big Third Episode” (“I often ask myself the question, why? Why insist on deconstructing something that is so good?”). The distancing view of the stories will become clear in any case. Thus the photo performances effortlessly join the Superamas oeuvre: perfectly formed, with the easiest accessible surface, amusing through surprising switches from the normal to the obscure or the other way round, and nevertheless leaving more questions open than they answer. Judith Helmer, corpusweb.net

Le projet PHOTO-PERFORMANCES s’énonce comme la volonté de mettre en jeu les images.

Comment des images peuvent-elles être l’enjeu d’une performance à l’intérieur d’un projet éditorial ? Les éditions Imschoot ne nous offrent pas simplement l’opportunité de réaliser un livre, mais aussi et surtout un objet d’art. C’est à dire un objet qui n’a par nature d’autre fonction que marchande et « esthétique ». SUPERAMAS se repose cette question déjà longuement débattue de l’œuvre d’art à l’heure de sa reproduction mécanique. Convaincu que les notions d’œuvre et d’auteur sont épuisées ; SUPERAMAS veut interroger la fonction de l’objet d’art. C’est dans l’objectivation (c’est à dire la logique productive) du processus de création que SUPERAMAS entend répondre à cette question.

Quelle serait donc cette fonction que l’objet d’Art serait censé assurer ?

Les visées des industries de production de biens culturels sont claires et affichées : la fonction d’un bien culturel diffusé et produit dans ce cadre est d’accompagner et de soutenir la vente et la production d’autres biens et services. (1) Le second rapport classiquement entendu de l’œuvre à sa fonction est d’ordre spéculatif : la valeur d’un artiste ou d’une œuvre se mesurant à l’aune de sa côte. Ainsi la fonction esthétique de l’objet d’art est réduite à sa fonction marchande.

Mais quelle autre fonction l’objet d’art pourrait avoir ?

Nous n’oserons pas ici répondre par la notion de transcendance qui n’est qu’une des stratégies possibles pour s’assurer de l’efficacité de la fonction marchande (en ce sens d’ailleurs il faudrait reconnaître à la publicité la valeur de grand Art). Pour reprendre la « conviction » de Nicolas Bourriaud (Esthétique relationnelle - Les presses du réel – 2001) «  … la forme ne prend sa consistance (et n’acquiert une réelle existence) qu’au moment où elle met en jeu des interactions humaines ; la forme d’une œuvre d’art naît d’une négociation avec l’intelligible qui nous est donné en partage. » Ainsi la valeur de l’œuvre d’art serait une valeur d’échange. C’est en tous cas une acception que SUPERAMAS fera sienne dans le cadre de ce projet. L’objet d’art que nous nous destinons à réaliser devra jouer sur de multiples niveaux de manière à fournir de « l’intelligible négociable ». Par « intelligible négociable » nous entendons : jeu sur la nature des images, sur les phantasmes et les identités contemporaines, complexité des récits, superficialité des situations et humour nécessaire. Il s’agit pour SUPERAMAS de jouer des conventions qui régissent notre rapport aux images. Sur l’échelle de l’iconographie, le roman photo est un genre qui doit se situer sur le premier barreau. Pourtant, si on se garde de la caricature, cette manière de conduire une narration au travers les images et les dialogues est riche de références et de conventions qui dépassent le genre. Au travers, donc, de trois photo-performances, SUPERAMAS entend évoquer plusieurs dimensions du « regardeur moderne ».

Photo-performance 1 « The Chamber of Ancestors »

Il s’agit d’une visite au Palais des Hofburg à Vienne. Quatre touristes suivent une visite guidée. Au pied des majestueux portraits de la famille royale autrichienne, l’Histoire est racontée. Sont évoqués bien sûr les rapports de l’Autriche avec Napoléon : des défaites pour les uns qui ne sont pas non plus des victoires pour les autres… On sent poindre alors l’idée qu’avant tout l’Histoire est un projet. Mais les petites histoires rattrapent la grande, et la puissance des images du passé est finalement balayée par celle finalement plus violente des images publicitaires.

Photo-performance 2 « Bay Watch »

Bob en maillot de bain prend le soleil à la terrasse d'un café bondé. La situation est surprenante car tout le monde est habillé normalement. Il est le centre des regards. Puis un contre-champ nous dévoile la scène : une plage a été reconstituée sur la Grand place de la ville. Tout le monde joue, se prélasse, s’observe comme à la plage. Tout à coup ce n’est plus Bob qui intrique mais toute cette foule qui se prête au jeu du décalage. Jane, une jeune «Bimbo» plantureuse se love au bord de la piscine. L’histoire joue alors avec les lois de l’attraction. Celle de la gravité qui met Jane à l’eau, et celle de la sexualité qui va jouer des multiples projections masculines.

Photo-performance 3 « Cat Woman »

Un grosse Audi noire roule dans une rue enneigée. Cat Woman est au volant, costume latex, ongles et lèvres rouges vifs. L’homme qui l’a « booké » pour la soirée prépare les drinks, et s’affaire pour se donner de la constance. Là encore on joue des phantasmes masculins, voiture de luxe, rencontre sexuelle fétichiste. Mais quand, après avoir bu cul-sec les deux verres de whisky, elle se jette sur lui, c’est pour lui découvrir une raideur de la nuque anormale. Cat Woman (personnage reconstitué, reconstruit) donne alors une leçon de technique Alexander. La séance de domination ne ressemble pas à celle que l’on attendait. Pourtant on voit bien que dans cette recherche du droit au bonheur physique, c’est une des aspirations contemporaines les plus intimes qui s’exprime.

Le coffret :

Les trois photo-performances sont regroupées dans un coffret. Le coffret est la réplique fidèle d’une boîte de papier photographique : un cartonnage recouvert de papier collé. Le papier photo qui d’ordinaire se trouve dans ce type de boite est un papier vierge, un papier sensible destiné à être exposé. C’est dans cette dynamique de l’exposition que SUPERAMAS entend comprendre cette mise en boite. Il s’agit de souligner que le temps et la forme de l’objet d’art sont celui de son exposition. En l’occurrence ceux où le lecteur fera son chemin : entre les images, entre les livres. La forme de l’objet d’art c’est celle de la boite vide. Le coffret est en 2 parties : 1 boîte recouvert de papier noir mat contenant les 3 livres et un couvercle recouvert de papier imprimé brillant. Un graphisme très dépouillé, type papier photographique, des informations génériques sur le couvercle, les informations concernant le contenu seront sur une étiquette qui en même temps scelle la boîte. Nous sommes là dans une logique de petite série, un système de boîtes identiques et un étiquetage spécifique.

 

(1) « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans un perspective « business », soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider coca-cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. "Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est à dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible."  Extrait de propos de Patrick lelay dans « Les dirigeants face au changement », Les éditions du sixième jour, mai 2004.

Photo Performance

Artist's book 2006

Edited by Kurt Vanbelleghem

Printed by Imschoot, Gent, www.imschoot.com

Printed in an edition of 1000 copies, with 30 copies signed and numbered by the artist.

Concept and design by Superamas.

Co-published in collaboration with Buda Arts Centre, Kortrijk