On ne voit pas ce qu'on voit / PERFORMANCE

De Standaard, 11/10/2002

Elke Van Campenhout

 

Le collectif d'artistes Superamas a confisqué le Beursschouwburg pour y présenter trois installations et un show "télé-réalité". Au centre des préoccupations: le caractère trompeur de notre perception et le corps humain dans un contexte technologique contemporain.

Le spectateur est interrogé de toutes parts. Dans les installations lumineuses, Diggin up et Play-mobile, il se trouve devant une image qui, constamment, se dérobe au regard. Dans le premier cas, cela se concrétise par un glissement à peine perceptible, survenant sur un mur couvert de petites lampes apposées de manière symétrique. Dans cette grille parfaite de points lumineux, interviennent des déplacements minimes. Plongé dans le noir le plus complet, le spectateur se trouve emporté par un courant d'impressions désorientant. Les personnages qui se glissent devant la paroi lumineuse, ne sont visibles que de par leur absence. En l'occurrence: dans la mesure où ils rendent la lumière invisible pour le spectateur.

Play-mobile inverse ce principe. Dans cette installation-ci, les exécutants qui se trouvent au centre, adoptent une attitude figée, alors que ce sont les impulsions lumineuses irrégulières qui suggèrent le mouvement. Les contours des corps semblent se déplacer selon les différents angles d'éclairage: l'image finit par en être saccadée.

Dans le spectacle "télé-réalité", Big 1st episode,  ce jeu de codes s'inscrit dans une forme bien plus ludique. Sur un plateau de télévision, se rencontrent deux hommes et deux femmes dans un décor constitué de la bannière de Nisan, d'une voiture super et d'un salon qui semble sortir tout droit d'un feuilleton flamand. Les acteurs jouent une série de scènes d'une banalité insigne. La répétition incessante de ces mises en scène fait apparaître une histoire toute différente. Le mélange de fragments de films, d'extraits d'interviews, de persiflages de clips vidéo, et le caractère artificiel soutenu, confrontent le spectateur à son propre comportement (télé)visuel.

Ce n'est pas l'action qui importe, mais la manière dont cette information est transmise. Ce qui est mis en image, c'est le processus de sélection des auteurs.

Dans les jours à venir, Superamas présentera d'autres installations et un autre spectacle, toujours sur les mêmes thèmes. Auto-mobile tourne autour d'un exécutant et d'un ordinateur. L'homme porte un casque de motard, danse, parle, proclame à longueur de spectacle tous les poncifs touchant à l'identité masculine. Body-builders exploite la faisabilité du corps dans un contexte technologique. La boucle vidéo Billy-Billy et l'installation Truck-station complètent l'ensemble.